Points clés
- Nous recommandons de consulter votre centre antipoison lors de l'utilisation de cet antidote.
- Le début de l'effet clinique pourrait se produire en 20 à 60 minutes. Ainsi, l'insuline devra souvent être commencée tôt, en même temps que les autres modalités thérapeutiques.
- La dose d’insuline en perfusion peut être augmentée au besoin. La littérature rapporte jusqu’à 10 unités/kg/h (certains patients ayant répondu à 1 000 unités/h).
- Algorithmes de traitement de la toxicité cardio-vasculaire:
+ Synonymes et autres appellations
- Humulin Rmd
- Novolin ge Torontomd
+ Indications
- Toxicité cardiovasculaire sévère (hypotension, hypoperfusion systémique) lors d’une :
- Intoxication par un bloqueur des canaux-calciques.
- Intoxication par un bêtabloqueur.
- Intoxication par une co-ingestion de bêtabloqueurs et de bloqueurs des canaux calciques.
+ Posologie
+ Dose pédiatrique
- Dose de charge :
- 1 unité/kg d’insuline IV directe.
- Au besoin, administrer avec du dextrose.
- Dose de maintien :
- 1 unité/kg/h d’insuline en perfusion IV continue.
- Si aucune amélioration significative après 30 min, augmenter le débit de 0,5 unité/kg/h aux 15 min. On peut aller jusqu’à 10 unités/kg/h si choc réfractaire.
- Titrer dans le but d'augmenter la contractilité cardiaque pour maintenir une TA systolique :
- De 60 mmHg chez le nouveau-né;
- De 70 mmHg chez le nourrisson de 1 mois à 1 an;
- De 70 + 2 x l’âge chez l’enfant de plus de 1 an.
- Titrer dans le but d'augmenter la contractilité cardiaque pour maintenir une fréquence cardiaque supérieure à 50/min.
- Au besoin, administrer avec du dextrose.
- ATTENTION : Chez le patient hémodynamiquement instable, une glycémie à la baisse devrait être traitée par une augmentation de l’apport en dextrose (et non par une diminution de la dose d’insuline).
+ Dose adulte
- Dose de charge :
- 1 unité/kg d’insuline IV directe.
- Au besoin, administrer avec du dextrose.
- Dose de maintien :
- 1 unité/kg/h d’insuline en perfusion IV continue.
- Si aucune amélioration significative après 30 min, augmenter le débit de 0,5 unité/kg/h aux 15 min. On peut aller jusqu’à 10 unités/kg/h si choc réfractaire.
- Titrer dans le but d'augmenter la contractilité cardiaque pour maintenir une TA systolique supérieure à 90 mmHg et une fréquence cardiaque supérieure à 50/min.
- Se référer à la section « fin du traitement » pour un exemple de méthode de sevrage de la perfusion d’insuline.
- Au besoin, administrer avec du dextrose.
- ATTENTION : Chez le patient hémodynamiquement instable, une glycémie à la baisse devrait être traitée par une augmentation de l’apport en dextrose (et non par une diminution de la dose d’insuline).
+ Insuffisance rénale
Aucune information ne suggère de modifier la dose pour un usage à court terme.
+ Insuffisance hépatique
Aucune information ne suggère de modifier la dose pour un usage à court terme.
+ Patient hémodialysé
Aucune information ne suggère de modifier la dose pour un usage à court terme.
+ Grossesse
- L’innocuité en dose importante n’a pas été démontrée.
- Malgré tout, il ne faut pas hésiter à utiliser l’insuline pendant la grossesse si les effets toxiques attendus comportent un risque important de morbidité ou mortalité.
- Aucune information ne suggère de modifier la dose pour un usage à court terme.
+ Patient obèse ou avec un surplus de poids
Aucune information ne suggère de modifier la dose pour un usage à court terme.
+ Effets indésirables
- Hypoglycémie
- Hypokaliémie
+ Surveillance clinique
- Signes vitaux
- Glycémie capillaire aux 30 min (maintenir glycémie supérieure à 5,5 mmol/L)
- Kaliémie aux 2 heures (maintenir autour de 3,0 mmol/L)
- Balance liquidienne
- État de conscience
+ Fin du traitement
- Amélioration de l'état hémodynamique permettant le sevrage progressif des amines sympathomimétiques.
- La durée moyenne du traitement est souvent supérieure à 24 h.
- Il faudra parfois continuer l’administration de dextrose pendant 24 h ou plus après l’arrêt de l’insuline.
- Voici des exemples de méthodes de sevrage de la perfusion d’insuline :
- Pour une intoxication aux bloqueurs des canaux calciques :
- Si le patient est stable, que le pic de toxicité semble atteint et que la glycémie a diminué approximativement autour de 16 mmol/L ou moins si le patient était hyperglycémique.
- Diminuer la perfusion d’insuline de 0,5 à 1 U/kg/h aux heures, et tenter de garder une perfusion d’insuline d’au moins 0.5 à 1 U/kg/h jusqu’à ce que la ou les perfusions de vasopresseurs/inotropes en cours soient sevrées, sauf si une cause autre que l’intoxication explique la nécessité de poursuivre les vasopresseurs/inotropes.
- Augmenter de nouveau la perfusion d’insuline s’il est nécessaire d’augmenter les vasopresseurs/inotropes suite à l’initiation du sevrage de la perfusion d’insuline.
- Pour une intoxication aux bêtabloqueurs :
- Si le patient est stable, que le pic de toxicité semble atteint,
- Diminuer la perfusion d’insuline de 0,5 à 1 U/kg/h aux heures, et tenter de garder une perfusion d’insuline d’au moins 0.5 à 1 U/kg/h jusqu’à ce que la ou les perfusions de vasopresseurs/inotropes en cours soient sevrées (sauf si une cause autre que l’intoxication explique la nécessité de poursuivre les vasopresseurs/inotropes).
- Augmenter de nouveau la perfusion d’insuline s’il est nécessaire d’augmenter les vasopresseurs/inotropes suite à l’initiation du sevrage de la perfusion d’insuline.
- Pour une intoxication aux bloqueurs des canaux calciques :
- Voici des exemples de méthodes de sevrage de la perfusion d’insuline :
+ Particularités reliées à l’administration
Voie intraveineuse (IV)
- IV directe
- Administrer la dose de charge IV directe en 1 minute.
- Pour faciliter l’administration d’une petite dose (ex. : pédiatrie), il est possible de diluer cette dernière avec du NS.
- Administrer à l’aide d’une pompe volumétrique.
- Perfusion IV continue :
- Administrer à l’aide d’une pompe volumétrique.
- En raison de l'adsorption de l’insuline sur le matériel en PVC (sacs, tubulures), la quantité d'insuline réellement biodisponible pourrait être sensiblement inférieure à la quantité préparée. Par conséquent, l'ajustement du débit de perfusion doit être basé sur l'effet clinique observé et non pas uniquement sur la dose d'insuline préparée.
- Avant la connection, flusher les 10 - 20 premiers ml de la solution (pour éviter l’adsorption d’insuline sur le PVC).
- Préparation standard : Concentration finale 1 unité/ml.
- 100 unités (1 ml) dans 99 ml de NS ou D5E. Volume final = 100 ml. Concentration finale = 1 unité/ml.
- 250 unités (2,5 ml) dans 247,5 ml de NS ou D5E. Volume final 250 ml. Concentration finale = 1 unité/ml.
- Préparation concentrée : Concentration finale 16 unités/ml.
- Lors d’administration de fortes doses d’insuline (ex., 2 - 10 unités/kg/h) ou lors de restriction liquidienne.
- ATTENTION: Cette concentration n’est généralement pas programmée dans les pompes volumétriques dites intelligentes.
- 4000 unités (40 ml) dans 210 ml de NS. Volume final = 250 ml. Concentration finale = 16 unités/ml.
- 8000 unités (80 ml) dans 420 ml de NS. Volume final = 500 ml. Concentration finale = 16 unités/ml.
Voie sous-cutanée (SC)
- Privilégier la voir IV ou IO
Voie intramusculaire (IM)
- Privilégier la voie IV ou IO.
Voie intraosseuse (IO)
- Alternative possible à la voie IV.
Compatibilité
Liste non-exhaustive, consultez le pharmacien de garde de votre établissement de santé.
- Solutés compatibles : NS, D5E, D10E, D5E+½NS, D5E+¼NS, LR.
- Compatibilités en dérivation-Y : acide folique, aminophylline, atropine, benztropine, bicarbonate (sodium), dexaméthasone, esmolol, fentanyl, hydrocortisone, hydromorphone, leucovorine calcique, lidocaïne, lorazépam, magnésium (sulfate), mannitol, mépéridine, méthylprednisolone, métoclopramide, métoprolol, milrinone, naloxone, nitroglycérine, nitroprussiate de sodium, octréotide, pancuronium, phénobarbital, phytonadione (vitamine K1), potassium (acétate et chlorure), procaïnamide, prométhazine, propofol, pyridoxine, rémifentanyl, sufentanil, thiamine, vérapamil.
- Incompatibilités en dérivation-Y : chlorpromazine, dantrolène, diazépam, diphenhydramine, isoprotérénol, kétamine, labétalol, phentolamine, phényléphrine, phénytoïne, prochlorpérazine, propranolol, protamine, rocuronium.
Stabilité
- Les fioles et les cartouches d’insuline doivent être conservées au réfrigérateur (2 à 8 °C).
- Les fioles et les cartouches d’insuline entamées ou conservées à température ambiante doivent être jetées après 28 jours.
- Les surfaces en verre, en PVC et en plastique adsorbent l’insuline. Le degré d’adsorption dépend de nombreux facteurs tels que la température, le temps de contact, et la concentration de la solution. Les concentrations finales des solutés pour perfusion IV continue peuvent varier. Flusher la tubulure avec le soluté d’insuline avant l’administration peut saturer les sites de liaison dans la tubulure et ainsi améliorer la précision de la dose administrée.
- On considère une stabilité de 24 h pour les solutés administrés par perfusion IV continue.
- Le soluté concentré d'insuline à 16 unités/ml dans un sac en PVC de NS est stable 14 jours à température ambiante ou au réfrigérateur.
+ Produits disponibles
- Novolin ge Toronto, 100 unités/ml, Sol. Inj., fiole de 10 ml ou cartouche de 3 ml, Novo Nordisk Canada Inc, DIN 02024233 et 02024284
- Humulin R, 100 unités/ml, Sol. Inj., fiole de 10 ml ou cartouche de 3 ml, Eli Lilly Canada, DIN 00586714 et 01959220 lien externe s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre)
+ Quantité requise pour traiter un patient de 70 kg pendant 24 heures
- Au moins 2000 unités.
+ Références
Engebretsen, Kristin. 2016. “Euglycemic Insulin Therapy.” In Critical Care Toxicology, edited by Jeffrey Brent, Keith Burkhart, Paul Dargan, Benjamin Hatten, Bruno Megarbane, and Robert Palmer, 1–10. Springer International Publishing.
Engebretsen, Kristin M., Kathleen M. Kaczmarek, Jenifer Morgan, and Joel S. Holger. 2011. “High-Dose Insulin Therapy in Beta-Blocker and Calcium Channel-Blocker Poisoning.” Clinical Toxicology 49 (4):277–83.
Laskey, Dayne, Rajesh Vadlapatla, and Katherine Hart. 2016. “Stability of High-Dose Insulin in Normal Saline Bags for Treatment of Calcium Channel Blocker and Beta Blocker Overdose.” Clinical Toxicology 54 (9):829–32.
Page, Colin B., Nicole M. Ryan, and Geoffrey K. Isbister. 2017. “The Safety of High-Dose Insulin Euglycaemia Therapy in Toxin-Induced Cardiac Toxicity.” Clinical Toxicology , October, 1–8.
St-Onge, M., P-A Dubé, S. Gosselin, C. Guimont, J. Godwin, P. M. Archambault, J-M Chauny, et al. 2014. “Treatment for Calcium Channel Blocker Poisoning: A Systematic Review.” Clinical Toxicology 52 (9):926–44.
St-Onge, Maude, Kurt Anseeuw, Frank Lee Cantrell, Ian C. Gilchrist, Philippe Hantson, Benoit Bailey, Valéry Lavergne, et al. 2017. “Experts Consensus Recommendations for the Management of Calcium Channel Blocker Poisoning in Adults.” Critical Care Medicine 45 (3):e306–15.
Zuckerman, Matthew, Howard A. Greller, and Kavita M. Babu. 2015. “A Review of the Toxicologic Implications of Obesity.” Journal of Medical Toxicology: Official Journal of the American College of Medical Toxicology 11 (3):342–54.
© Centre antipoison du Québec, CIUSSS de la Capitale-Nationale, 2017. Les renseignements contenus dans ce site peuvent être cités, à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est strictement interdite.
ISSN : 2292-230X
Auteurs: Bailey B, Blais R, Dubé PA, Friesen M, Gaudreault P, Gosselin S, Laliberté M, Larocque A, St-Onge M
Réviseurs: Elliott A, Mackenzie C, Murphy N, Letarte A, Pursell R, Thompson M, Yarema M