Des objectifs cohérents

Au Québec, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, deux causes fondamentales de l’insécurité alimentaire, a été adoptée en 2002 (Gouvernement du Québec, 2002). Quant au Programme national de santé publique 2003-2012 du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS, 2003), il vise à réduire à moins de 4,5% la proportion de personnes de 12 ans et plus vivant dans un ménage en situation d'insécurité alimentaire. Pour la région de la Capitale-Nationale, le Plan d’action régionale de santé publique 2004-2007 va dans le même sens que le programme national en ce qui a trait aux objectifs de diminution de l’insécurité alimentaire.

En juin 2001, un montant de 10 millions de dollars était alloué au MSSS afin de contribuer à la consolidation et au développement de l’initiative « Soutien à la sécurité alimentaire au niveau des communautés ». Le Programme de subvention de projets en matière de sécurité alimentaire qui en découle a pour but de contribuer au développement de la sécurité alimentaire au Québec.

Une approche basée sur la concertation

Les Directions régionales de santé publique (DRSP) ont la responsabilité, à l’intérieur de ce programme ministériel, de coordonner le dossier au niveau régional, de procéder à l’allocation des fonds et de réaliser l’exercice de reddition de comptes. De plus, chaque DRSP, dès le départ, devait se prévaloir d’un processus de concertation régionale intersectorielle pour définir les orientations et un plan d’action pour la région en matière de sécurité alimentaire ainsi que pour statuer sur l’utilisation des fonds. Dans la région de la Capitale-Nationale, le Comité régional intersectoriel en sécurité alimentaire (CRISA) a été constitué à l’automne 2002. Il est composé de la DRSP de même que de partenaires issus de divers milieux (organismes communautaires, établissements publics et autres réseaux de services). Des comités de travail permettent d'avancer différents dossiers liés à la sécurité alimentaire de la région. 

Les modèles d’intervention

Les interventions concernant l’accès aux denrées alimentaires peuvent être orientées selon deux grands modèles d’intervention.

  • Un modèle qui privilégie la lutte contre la faim (ou le manque de nourriture)

La lutte contre la faim, est de nature curative. Elle vise à répondre à une situation d’urgence et de façon immédiate et temporaire aux besoins alimentaires des personnes et des familles. Elle est surtout le fait des organismes communautaires et caritatifs et a davantage une portée à court terme.

  • Un modèle qui privilégie la recherche de la sécurité alimentaire collective

Ce modèle est plutôt de nature préventive où les solutions proposées s’inscrivent dans une perspective de développement social et des communautés. Il pointe deux objectifs :

  1. Rechercher le développement économique et social des communautés;
  2. Travailler en partenariat avec l’agriculture et le système agroalimentaire régional et local.

Un tel modèle exige l’implication de partenaires des secteurs public, privé et communautaire ainsi que des membres de la communauté. Les effets attendus ont une portée à long terme.

Il importe de souligner la complémentarité des deux modèles puisque la recherche de la sécurité alimentaire demeure toujours hautement préoccupée par le nécessaire soulagement immédiat de la faim chez les personnes et les familles les plus affectées. Toutefois, l’accent doit être mis et maintenu en faveur du modèle axé sur la recherche de la sécurité alimentaire puisque ses effets à long terme pourront contribuer à la lutte à la pauvreté et à ses impacts néfastes.

Selon le Cadre de référence en matière de sécurité alimentaire du MSSS, les éléments du développement des communautés sont au coeur d'une plus grande sécurité alimentaire :

  • La participation citoyenne;
  • L'empowerment;
  • La concertation et le partenariat;
  • La réduction des inégalités;
  • L'harmonisation et la promotion de politiques publiques favorables à la santé.

L’atteinte de la sécurité alimentaire ne peut donc se faire sans avoir une vision du développement durable des collectivités. Elle repose sur un système agroalimentaire viable du point de vue de l’environnement, économiquement efficace et socialement équitable. L’accès physique et économique à une alimentation adéquate découle de choix politiques et d’une volonté nationale de réduction des inégalités sociales et de santé. C’est dans ce contexte général que des interventions visant les populations plus vulnérables sont mises de l’avant. Les actions sont multiples et impliquent une diversité d’acteurs.

Des actions efficaces et prometteuses

Selon le cadre de référence du MSSS, la littérature est peu éclairante quant aux meilleures approches en matière de sécurité alimentaire. La complexité et les nombreuses dimensions de la sécurité alimentaire peuvent expliquer cette difficulté. L'efficacité des actions à préconiser devrait être en lien direct avec le développement des communautés et combiner plusieurs actions qui :

  • Mobilisent les individus et les collectivités;
  • Améliorent les milieux et les conditions de vie;
  • Influent sur l'approvisionnement alimentaire;
  • Exercent une influence sur les politiques sociales, économiques, agricoles et environnementales;
  • Confèrent aux individus des connaissances, des habiletés et des capacités d'autonomie.

Le plan d’action en sécurité alimentaire pour la région de la Capitale-Nationale

Un premier plan d'action en sécurité alimentaire pour la région de la Capitale-Nationale couvrant la période de 2004 - 2007 a été élaboré par les membres du CRISA en 2002 - 2003. Une évaluation d'implantation a permis d'estimer le degré d'implantation de ce plan d'action en dressant un portrait des actions réalisées et de la structure de concertation. L'analyse de la pertinence des axes d'intervention et des objectifs a permis d'effectuer la révision de ce plan d'action qui arrivait à échéance en 2007. 

Les résultats de l'évaluation de la pertinence ont permis d'en arriver à un plan d’action révisé pour la période de 2008 à 2012. La finalité et les cibles visées par ce plan d’action se présentent comme suit :

Finalité: Un état de santé optimal et une qualité de vie pour les populations vivant dans les milieux défavorisés de la région.

Cibles :

  • La contribution à la réduction à moins de 3,2 % de la proportion de personnes vivant en situation d'insécurité alimentaire;
  • La contribution à la diminution de 15 % du nombre de personnes fréquentant les services d'aide alimentaire;
  • L'augmentation de la consommation d'aliments sains et nutritifs, notamment de fruits et de légumes, par les ménages à faible revenu;
  • La diminution des inégalités d'accès aux aliments sains et nutritifs, particulièrement pour les fruits et les légumes.

Axes d’intervention et objectifs

À partir des constats d’insécurité alimentaire dans la région et des principales composantes du concept de sécurité alimentaire, trois axes d’intervention ont été retenus dans le plan d’action en sécurité alimentaire de la région de la Capitale-Nationale pour la période de 2008 - 2012.

  • Axe 1 : Améliorer l'environnement alimentaire en milieux défavorisés tout en soutenant le système agroalimentaire régional;
  • Axe 2 : Favoriser des pratiques d'intervention appropriées et complémentaire;
  • Axe 3 : Influencer les politiques publiques ayant un impact sur la sécurité alimentaire.

Ces axes d’intervention contribuent à ce que les citoyens de la région puissent atteindre et maintenir un niveau de sécurité alimentaire adéquat, chacun de ces axes d’intervention comportant des composantes et des défis qui lui sont propres.

Cinq objectifs se rattachent aux trois axes. Ils ont été élaborés à partir de l’analyse des déterminants de la sécurité alimentaire dans la région de la Capitale-Nationale.

Objectif 1

Permettre aux personnes et aux familles d'avoir, en tout temps, un accès économique à des aliments sains, nutritifs, en quantité suffisante.

Objectif 2

Permettre aux personnes et aux familles d'avoir un accès physique à des aliments sains, nutritifs, en quantité suffisante.

Objectif 3

Faciliter le réseautage entre les organismes communautaires et caritatifs afin d'optimiser leurs pratiques d'intervention, leurs connaissances et leurs compétences.

Objectif 4

Développer des solutions à l'insécurité alimentaire en fonction de différents types d'acteurs: citoyen, élu, agroalimentaire, communautaire et caritatif, éducation, entreprise privée et santé.

Objectif 5

Influencer l'élaboration et l'implantation de lois, politiques, programmes, règlements et plans d'action ayant un impact sur la sécurité alimentaire.

Une variété d’actions est proposée pour chacun des objectifs, dont voici quelques exemples :

  • Soutenir des projets issus des concertations intersectorielles locales favorisant l'autonomie alimentaire ou travaillant en sécurité alimentaire;
  • Encourager les alliances entre les solutions envisagées pour améliorer l'accès physique à des aliments sains et nutritifs et des producteurs locaux;
  • Réaliser une étude sur le coût du panier à provisions nutritif dans divers quartiers de la région de la Capitale-Nationale;
  • Déduire le pouvoir d'achat pour des aliments sains et nutritifs à partir, entre autres, des données régionales sur le revenu, sur les dépenses liées au logement et sur le coût du panier à provision nutritif;
  • Former et accompagner les organismes communautaires et caritatifs au regard des normes en hygiène et salubrité;
  • Réaliser un colloque régional annuel;
  • Exercer une vigilance et faire des pressions pour que les lois, politiques, programmes, règlements et plans d'action qui ont un impact sur la sécurité alimentaire n'amènent pas plus d'inégalités sociales et de santé et soutenir les actions qui en découlent, le cas échéant.