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Moins de 20 % des ménages possèdent un poêle ou un foyer au bois, mais leur utilisation émet environ 2000 tonnes de particules fines dans l’air chaque année dans la Capitale-Nationale. C’est plus que les grandes industries ou les transports.

Utiliser régulièrement le chauffage au bois affecte la qualité de l’air ambiant durant l’hiver. Nous savons maintenant que cette pollution affecte la santé de toute la population. Les personnes vivant avec l’asthme, une maladie des poumons ou une maladie du coeur sont très affectées par la pollution de l’air dans leur quartier, même si elles n’ont pas d’appareil à combustion du bois.

Pour améliorer la qualité de l’air en hiver, le meilleur moyen est de chauffer à l’électricité et d’utiliser son appareil le moins souvent possible. Si vous souhaitez continuer de chauffer au bois : utilisez un appareil certifié, suivez les bonnes pratiques et brulez du bois sec. Cela améliore sa performance et réduit la pollution de l’air.

Sur cette page

La fumée du chauffage au bois contribue à la pollution de l’air dans la Capitale-Nationale

La fumée de bois contient plusieurs contaminants, dont les plus préoccupants sont les particules fines. Ces particules fines sont très petites et invisibles. En les respirant, elles peuvent aller jusque dans les poumons. Cela augmente le risque de problèmes de santé à long terme. 

Au Québec, le chauffage au bois génère plus de particules fines que l’ensemble des transports, des industries et de la gestion des déchets. Le chauffage au bois est une problématique importante dans la Capitale-Nationale.

Quantité de particules fines émises par le chauffage au bois comparativement à d’autres secteurs au Québec

Source : Graphique produit à partir des données de l’Inventaire québécois des émissions des principaux contaminants atmosphériques du ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Note : Quantité d’émissions en tonnes en 2022. La catégorie « industries » regroupe les secteurs industriels présents dans l’inventaire, soit : la fabrication, les minerais et industries minérales, et les industries gazières et pétrolières. Chaque secteur émet d’autres polluants, mais les particules fines sont les plus préoccupantes. Il est nécessaire de réduire les émissions de tous les secteurs, incluant celles du chauffage au bois.

Le chauffage au bois produit une grande quantité de particules fines dans les villes et villages, notamment dans la région de Québec. Plus il y a d'appareils de chauffage au bois dans un même secteur, ville ou village, plus il y a de pollution de l'air.

Source : Image traduite d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Université de Toronto

Note : Les chercheurs ont colligé les données d'environ 500 000 ventes de maisons pour estimer combien de résidences possédaient un appareil. Ils ont ensuite sondé près de 28 000 personnes pour savoir quel type d’appareil ils possédaient et quelle quantité de bois ils brulaient. Les chercheurs ont ensuite pu estimer combien de particules fines sont émises dans l’air pour chaque km2 de territoire. Plus la couleur est foncée, plus il y a d’émission de particules fines sur le territoire durant l'hiver. Les émissions sont plus élevées en ville, même si moins de résidences possèdent un appareil en proportion, parce qu’il y a plus de résidences au km2.

En hiver, il y a plus de pollution de l’air durant les soirées et les fins de semaine, lorsque plus de personnes chauffent au bois. 

Plusieurs stations de qualité de l’air montrent l’impact du chauffage au bois dans les quartiers résidentiels au Québec. À la station du quartier Champigny, à Québec, les particules fines augmentent en même temps que le marqueur de la fumée de bois. Elles augmentent en matinée et en soirée, quand plus de maisons chauffent au bois. Le marqueur de la fumée de bois est beaucoup plus élevé que le marqueur de pétrole (et autres énergies fossiles, venant des autos, camions et avions par exemple).

Concentration de particules fines et des marqueurs de leur source, dans l'air en hiver dans un quartier résidentiel

Note : Concentrations moyennes (en µg/m3) de particules fines, de carbone noir spécifique à la combustion de biomasse (marqueur de la fumée de bois) et de carbone noir spécifique à la combustion d'énergies fossiles en 2019-2021 à la station de l'école Primevères. Pour plus de détails, consulter le site Web suivant : https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/chauf-bois/index.htm 

Source : Figure réalisée à partir de données du ministère de l'Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Le chauffage au bois peut aussi affecter la qualité de l’air dans les plus petites villes et villages de la région. Par exemple, une étude menée au Lac Beauport a montré que la pollution de l’air doublait en soirée durant l’hiver.

Saviez-vous que?

Le chauffage au bois peut aussi dégrader la qualité de l'air intérieur. Des études ont montré que la concentration de particules fines augmente à l’intérieur lorsqu'on l'utilise. (Marin et coll., 2022; Nassikas et coll., 2024; Zalzal et coll., 2024)

Les effets possibles sur la santé

Que vous utilisiez ou non le chauffage au bois, nous savons que la pollution de l’air ambiant liée à la combustion de bois a des impacts importants sur la santé. 

Aucune maison n’est totalement étanche : la pollution extérieure finit par entrer à l’intérieur. 

Les particules fines présentes dans l’air affectent les poumons et le cœur. Avec les années, cela contribue au développement de l’asthme, de maladie pulmonaire et de maladies du cœur. Même lorsque le niveau de particules fines est faible et que l’indice de qualité de l’air est bon, il peut quand même y avoir des effets sur la santé à long terme. C’est pourquoi il est bénéfique de réduire les émissions de particules fines. 

Un épisode de mauvaise qualité de l’air peut aggraver les symptômes des personnes vivant avec certaines maladies chroniques. Ces personnes sont nombreuses dans la Capitale-Nationale : 

  • 11 % de la population vit avec de l’asthme;
  • 11 % vit avec des maladies cardiaques;
  • 10 % vit avec des maladies pulmonaires chroniques. 

Source : Prévalence en 2022-2023 dans la Capitale-Nationale. Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec. INSPQ. Extraction en janvier 2025.

Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont aussi plus sensibles à la pollution de l’air. 

Santé Canada estime que la pollution issue du chauffage au bois entrainerait plusieurs centaines de décès prématurés chaque année au Québec. C’est davantage que les autres sources de pollution de l’air. Dans la région de la Capitale-Nationale, cela représenterait environ 140 décès prématurés chaque année attribuables à la pollution issue du chauffage au bois.

Santé Canada estime à environ 10 millions de dollars les pertes annuelles dues aux symptômes attribuables à la pollution issue du chauffage au bois, chaque année dans la Capitale-Nationale*.

Décès prématurés attribuables à la pollution de l’air provenant des trois principales sources, par province

Source : Santé Canada.

*Note sur les estimations : Il n’est pas possible de déterminer si le décès ou les symptômes d’un individu en particulier sont causés en partie par le chauffage au bois. On sait cependant que le risque de décès ou de symptômes diminue lorsque les gens sont exposés à moins de particules fines. On peut donc calculer combien de décès en moins surviendraient si l’on diminuait le niveau de particules fines dans l’air. On peut aussi calculer combien de journées de symptômes de moins il y aurait en diminuant le niveau de particules fines. Ces estimations doivent être interprétés comme des ordres de grandeur plutôt que des valeurs exactes. Pour plus d’information sur la méthode, consulter le document de Santé Canada.

Actions que les citoyens peuvent prendre pour leur santé et celle de leur voisinage

  • Privilégiez le chauffage électrique, surtout si vous habitez en ville.
    • Des programmes gouvernementaux peuvent subventionner l’achat d’une thermopompe ou des travaux pour isoler votre logement.
    • Les thermopompes peuvent être jusqu’à trois fois plus efficaces que les plinthes électriques pour chauffer, et permettent de climatiser en été.
  • Si vous souhaitez continuer à utiliser un poêle à bois, privilégier le bois comme chauffage d’appoint plutôt que comme chauffage principal, et utilisez un appareil certifié. 
    • Un poêle certifié émet moins de particules fines qu’un poêle non certifié, s’il est bien entretenu et que le bois est sec. 
    • Un poêle certifié émet plus de particules fines que le chauffage électrique, qui n’en émet pas. 
    • Cette page du site internet de la Ville de Québec offre des conseils pour vérifier si votre poêle est certifié.
    • Un foyer décoratif n’est pas conçu pour le chauffage et émet des particules fines. Il peut être remplacé par un poêle encastrable certifié.
    • Suivez les bonnes pratiques, car les émissions de polluants dépendent aussi de vos habitudes. Brûlez du bois sec qui a séché au moins durant 6 mois. Utilisez des bûches plus petites qui brûlent mieux et font moins de fumée.
    • Pour les résidents de la Ville de Québec, il existe des subventions pour le remplacement ou le retrait de votre poêle à bois, encastré ou foyer non certifié.

Actions que les municipalités peuvent prendre pour améliorer la qualité de l’air de leurs citoyens

Les émissions de particules fines par le chauffage au bois ont diminué de seulement 13 % au Québec entre 1990 et 2020, alors que les émissions des industries ont diminué de 80 %, et que les émissions du transport ont diminué de 69 %

Pour que tous les citoyens bénéficient d’une meilleure qualité de l’air, les municipalités ont un rôle important à jouer. Certaines villes ont réussi à améliorer leur qualité de l’air.

Pour diminuer les impacts du chauffage au bois, les minicipalités peuvent notamment : 

  • Diffuser de l’information pour sensibiliser les citoyens aux impacts du chauffage au bois sur la qualité de l’air et la santé, et les encourager à privilégier le chauffage électrique.
  • Interdire l’utilisation des vieux appareils non certifiés (entre 1988 et 2009), sauf durant les pannes de courant. Ces appareils sont plus polluants et consomment plus de bois. Depuis 2009, seuls des appareils certifiés peuvent être vendus au Québec. 

Remplacer tous les appareils non certifiés par des appareils certifiés diminuerait de 43 % les émissions de particules fines liées au chauffage au bois dans la Capitale-Nationale. Cela représente une amélioration importante à court et moyen terme. Il resterait tout de même 1200 tonnes d’émissions de particules fines par le chauffage au bois.

Règlementation dans la Ville de Québec

La Ville de Québec réglemente l'installation et l’utilisation des appareils à combustible solide afin de réduire leurs impacts sur la santé de la population, à la suite d’une recommandation de la Direction de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Consultez le site internet de la Ville de Québec pour connaitre la réglementation. Cette réglementation permet :

  • D’utiliser tout appareil lors des pannes de courant, même s’il n’est pas certifié.
  • D’utiliser un appareil certifié EPA ou CSA (y compris un poêle encastrable, qui peut remplacer un foyer décoratif non certifié).

Pour en savoir plus

Ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Le chauffage au bois. (consulté en février 2025)

Ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs. (2024). Inventaire québécois des émissions des principaux contaminants atmosphériques en 2022 et leur évolution depuis 1990

Ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs. (2016). Analyse des concentrations de particules fines attribuables au chauffage au bois dans la municipalité de Lac-Beauport.

Santé Canada. Fumée de bois. (consulté en février 2025)

Santé Canada. (2023). Impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada provenant du transport, de l’industrie et de la combustion résidentielle : Estimations des décès prématurés et des effets non mortels à l’échelle nationale, provinciale, territoriale et des zones atmosphériques.

Santé Canada. (2022). Évaluation scientifique canadienne des effets sur la santé des particules fines (PM2,5).

US EPA. (2022). Supplement to the 2019 Integrated Science Assessment for Particulate Matter (Final Report, 2022).  

US EPA. (2022). How to Implement a Wood-Burning Appliance Changeout Program

Ville de Montréal. Chauffage au bois : un règlement qui améliore la qualité de l’air | Ville de Montréal. (consulté en février 2025). 

Zalzal J, Liu Y, Smargiassi A et Hatzopoulou M. (2024). Improving residential wood burning emission inventories with the integration of readily available data sources. Sciences of Total Environment.