- À qui s’adressent les SIS ?
- Pourquoi mettre en place un SIS à Québec ?
- Quels sont les avantages de l’implantation des SIS ?
- Comment fonctionnent les SIS ?
- Qu’est-ce qu’une demande d’exemption ?
- Le rôle des policiers sera‐t‐il modifié ?
- Est-ce que de tels services existent ailleurs dans le monde ?
À qui s’adressent les SIS ?
Les SIS s’adressent aux personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI) dont les conditions de vie sont précaires (itinérance, dépendance, problème de santé mentale, prostitution de rue). Ce sont celles qui s’injectent le plus fréquemment en public qui sont les plus susceptibles d’être à l’origine des tensions liées à l’occupation des espaces publics et qui sont peu rejointes par les services de santé traditionnels. Ce sont également celles qui présentent le plus de risques de succomber à une surdose, de contracter et de transmettre des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) (VIH, VHC, en particulier), et d’être en état d’intoxication dans les espaces publics.
Pourquoi mettre en place un SIS à Québec ?
Les SIS permettent de joindre les personnes UDI les plus à risque qui sont peu rejointes par les services de santé traditionnels, et de leur offrir des services de dépistage, de traitement ainsi que l’accès à du matériel d’injection stérile.
Les risques de transmission des infections transmissibles sexuellement et par le sang, notamment l’hépatite C et le VIH, constituent un problème de santé publique qui affecte particulièrement les personnes UDI, mais qui peut également avoir des répercussions sur l’ensemble de la population.
L’infection par le virus de l'hépatite C (VHC) fait des ravages chez les personnes UDI. À Québec, la situation est préoccupante puisque les 2/3 des personnes UDI qui fréquentent les centres d’accès au matériel d’injection (CAMI) sont touchées.
Environ une personne UDI sur dix est atteinte par le VIH dans la ville de Québec. Entre avril 2002 et juin 2017, dans la région de la Capitale-Nationale, un total de 715 infections par le VIH a été déclaré. Près de 20 % de ces infections sont enregistrées chez les personnes qui rapportent comme seul facteur d’exposition l’utilisation de drogues par injection (données du programme de surveillance de l’infection par le VIH au Québec, Institut national de santé publique du Québec).
Référence : De Koninck, M. et Lagrange, V. (2014). Rapport sur la situation de la consommation de drogue par injection à Québec et sur la pertinence d’offrir des services d’injection supervisée. Québec, Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale.
Quels sont les avantages de l’implantation des SIS ?
Les services d’injection supervisée permettent de :
- Prévenir les surdoses et les décès grâce à la présence d’un personnel en mesure de fournir une assistance rapide lors de complications;
- Réduire les comportements à risque d’infection – VIH et virus de l’hépatite C (VHC);
- Joindre les personnes UDI les plus à risque et leur offrir le dépistage, le traitement ainsi que l’accès à du matériel d’injection stérile;
- Faciliter l’accès aux services de désintoxication et de traitement de la dépendance;
- Diminuer les demandes de services ambulanciers et les admissions dans les urgences;
- Réduire les injections en public et le nombre de seringues à la traîne.
Il est également démontré que la présence des SIS ne favorise pas l’augmentation de la consommation et ni la criminalité dans les quartiers où ils sont offerts.
Comment fonctionnent les SIS ?
La personne UDI suit habituellement ce parcours :
- Accueil : elle est accueillie et on évalue si sa condition lui permet l’accès au service;
- Salle d’injection : du matériel stérile lui est remis et elle procède à l’injection. C’est l’occasion de lui fournir de l’information pour une pratique sécuritaire afin d’éviter les surdoses;
- Salle de repos : elle est invitée à passer à la salle de repos, ce qui permet au personnel d’observer sa condition en post-injection et d’intervenir en cas d’effets négatifs ou d’urgence.
Toutes les étapes du parcours dans le SIS sont des occasions de créer des liens avec la personne et de lui offrir des conseils et des références pour répondre à ses besoins, et ce, dans une approche de réduction des méfaits. On y fournit des soins infirmiers, du soutien psychosocial et de l’accompagnement permettant également aux personnes d’entrer en contact avec d’autres services (sociaux, de traitement ou de soins).
Le personnel des SIS ne procède pas aux injections. Les personnes UDI doivent être en mesure de s’injecter elles-mêmes la drogue qu’elles consomment.
Qu’est-ce qu’une demande d’exemption ?
La ministre fédérale de la santé peut, en vertu de l’article 56 de la LRCDAS, accorder des exemptions pour des raisons médicales, scientifiques ou d’intérêt public. L’article 56.1 permet à la ministre d’accorder une exemption pour des activités réalisées dans un site de consommation supervisée pour des raisons médicales et énonce les critères à respecter. L’exemption concerne la possession de drogues à l’intérieur des sites choisis comme lieux d’injection supervisée.
Le rôle des policiers sera‐t‐il modifié ?
Les SIS sont autorisés par les instances juridiques du pays et ils relèvent des autorités de santé publique. Le rôle des corps policiers consiste à les accompagner en leur fournissant l’expertise de sécurité publique nécessaire à la planification et à l’encadrement des services.
En outre, ces corps policiers continuent d’exercer leur mandat en matière de lutte contre les drogues et à l’égard des personnes liées aux groupes criminalisés inclus dans l’environnement immédiat des SIS. Ils conservent l’obligation de répondre aux appels de la population qui peuvent concerner directement ou indirectement les usagers de ces sites. Les corps policiers prônent des approches concertées entre les partenaires où coexiste un équilibre entre la prévention, le traitement et les soins, l’application de la loi et la réduction de certains méfaits.
Est-ce que de tels services existent ailleurs dans le monde ?
Ces types de services ont été implantés dans différentes villes avec succès depuis le milieu des années 1980. Aujourd’hui, on compte une centaine de SIS répartis en Europe, au Canada et en Australie. Montréal compte maintenant quatre services d’injection supervisée qui desservent différents quartiers.