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Quels étaient les objectifs du projet Mon environnement, ma santé (MEMS)?

Le projet MEMS a permis de décrire la qualité de l’air dans les quartiers Limoilou, Vanier et Basse-Ville ainsi que dans le reste de la ville de Québec, et d’évaluer les impacts des particules fines et des métaux sur la santé des citoyens.

Les contaminants étudiés par le projet MEMS étaient : les particules (poussières) et certains métaux qui les composent, les particules fines, le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et l’ozone (O3).

Les résultats finaux permettent de mieux comprendre les effets de certains contaminants de l’air extérieur sur la santé des citoyens de Limoilou, de Vanier et de la Basse-Ville.

Pourquoi avoir porté une attention particulière aux territoires de Limoilou, de Vanier et de la Basse-Ville?

La population des territoires de Limoilou, de Vanier et de la Basse-Ville, qui incluent les quartiers Vanier, Lairet, Vieux-Limoilou, Maizerets, Saint-Sauveur et Saint-Roch, présente de nombreuses caractéristiques défavorables, comparativement aux autres populations dans la région de la Capitale-Nationale. C’est dans ces territoires que la densité de population est la plus élevée et où il y a le plus de pauvreté. Des injustices et des inégalités sont observées, tant au niveau social que pour l’état de santé des résidents.

Les inégalités sociales de santé (ISS) sont des écarts ou différences dans l’état de santé, dans l’accès aux ressources ou dans les habitudes de vie entre des groupes sociaux. Les ISS sont pour la plupart évitables et injustes, car elles sont provoquées par une distribution inégale des ressources. Elles ne sont pas le fruit du hasard ni du choix personnel des individus.

Par exemple, selon les données publiées dans Les inégalités sociales de santé dans Basse-Ville et Limoilou-Vanier  (PDF, 1599 Ko, 35 p.), l’espérance de vie y est de six ans inférieure dans la Basse-Ville, comparativement à l’ensemble de la région de la Capitale-Nationale. Le revenu des ménages y est plus faible et le décrochage scolaire plus important qu’ailleurs, de même la proportion de fumeurs et la présence de maladies respiratoires y sont plus importantes. 

Quels étaient les organismes participants au projet?

Le projet MEMS a été mis en place grâce aux efforts conjoints de la Ville de Québec, qui en a assuré aussi le financement, et de la Direction de santé publique. Il a aussi été rendu possible grâce à la participation des représentants de six conseils de quartier, de deux organismes environnementaux (Conseil régional de l’environnement région de la Capitale-Nationale et Vivre En Ville), de quatre acteurs industriels, du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de Santé Canada et de chercheurs de l’Université de Montréal.

Le comité-conseil était composé des représentants des conseils de quartier, des organismes environnementaux, des acteurs industriels et du MELCCFP. Le comité-conseil s’est chargé du choix des contaminants étudiés, du choix des activités scientifiques retenues et de l’élaboration des recommandations. L’INSPQ, Santé Canada et les chercheurs ont pour leur part accompagné l’équipe de la Direction de santé publique, par le bais du comité scientifique, dans la réalisation du projet.

Quelles nouvelles informations le projet MEMS a permis de générer?

Le projet MEMS a permis d’obtenir des données plus précises sur les contaminants présents dans l’air, notamment les particules (particules en suspension totale, PM10, PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2), l’ozone (O3) et neuf métaux. Le projet MEMS a permis ultimement d’élaborer, conjointement avec le comité-conseil, neuf recommandations  pour améliorer la qualité de l’air extérieur et d’améliorer la santé de la population de Limoilou, de Vanier, de la Basse-Ville et du reste de la ville de Québec.

La question de recherche du projet Mon environnement, ma santé (MEMS) sur la qualité de l’air extérieur était : Quelle est la part des problèmes de santé respiratoire et cardiovasculaire des citoyens des territoires de Limoilou, Vanier et de la Basse-Ville attribuable à la qualité de l’air extérieur?

Dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville, l'exposition à long terme aux particules fines contribuerait au développement de l’asthme chez environ 20 enfants par année (24 % des nouveaux cas d’asthme) et aux décès prématurés d’environ 33 personnes par maladie cardiaque ischémique (15 % des décès de cette cause).

Les particules fines contribueraient de trois à huit fois plus de cas d’asthme chez les enfants que la fumée secondaire dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville. Elles contribueraient à autant de décès prématurés par maladie cardiaque ischémique que le tabagisme. Malgré le fait que le tabagisme demeure plus dangereux pour la santé des individus et de la population, ces estimations montrent l’importance de la pollution de l’air.

Quels polluants ont les plus grands impacts sur la santé des citoyens des quartiers de Limoilou, Vanier et de la Basse-Ville?

La Direction de santé publique considère que les particules fines représentent le contaminant ayant les plus grands impacts sur la santé de la population à l’étude, suivi par le dioxyde d’azote et l’ozone. D’après Santé Canada , les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone entraîneraient respectivement 269, 23 et 18 décès prématurés chaque année dans la ville de Québec. De plus, ces contaminants entraîneraient des milliers de journées de symptômes respiratoires et des dizaines de visites à l’hôpital. Ces résultats montrent que la pollution de l’air continue d’affecter la santé de la population même si elle s’est améliorée au cours des dernières décennies.

Quels sont les secteurs les plus exposés aux différents contaminants à Québec?

Les particules fines sont présentes partout dans la ville de Québec, mais certains secteurs sont plus exposés : la Basse-Ville (en particulier les quartiers Saint-Sauveur et Saint-Roch) et certaines zones de Sainte-Foy (à l’intersection des autoroutes 40 et 540 et à la Pointe-de-Sainte-Foy). Les concentrations les plus élevées sont d’ailleurs mesurées aux stations du Vieux-Limoilou et de l’école Les Primevères, dans le secteur Champigny. Aux autres stations de Limoilou, Maizerets et Vanier, les concentrations sont similaires à celles de la station au collège Saint-Charles-Garnier (en Haute-Ville).

Les concentrations de dioxyde d’azote varient moins en fonction des quartiers que les concentrations de particules fines; elles varient plutôt en fonction de la proximité avec les artères routières puisque les transports en sont sa principale source. Les secteurs les plus exposés sont la Basse-Ville, une partie de Vieux-Limoilou, la Haute-Ville et Sainte-Foy.

Les concentrations d’ozone sont plus élevées en périphérie de Québec, dans les banlieues, car l’ozone et ses précurseurs provenant des centres urbains sont déplacés en périphérie par les vents et l’ozone se dégrade en ville, en réagissant avec les oxydes d’azote produits par les transports, pour former du dioxyde d’azote.

Est-ce qu’il y a plus de pollution de l’air dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville qu’en Haute-Ville?

Les niveaux de pollution varient selon les contaminants et les secteurs de Limoilou, Vanier et la Basse-Ville considérées. Ainsi, le quartier Saint-Sauveur en Basse-Ville et le secteur autour de la station Vieux-Limoilou montrent des concentrations plus élevées de particules fines et de dioxyde d’azote que la Haute-Ville. Pour les autres quartiers (Lairet, Maizerets et Vanier), les concentrations sont similaires à celles de la Haute-Ville.

Les quartiers de Limoilou, Vanier et la Basse-Ville présentent des concentrations plus élevées de particules en suspension totales (poussières) qu’à la station du collège Saint-Charles-Garnier, située dans le quartier Saint-Sacrement.

Pour le nickel, il y a des différences importantes selon les stations : les concentrations de nickel sont 3 à 4 fois plus élevées aux stations de Vieux-Limoilou et du CLSC de la Basse-Ville qu’à la station du collège Saint-Charles-Garnier. Les concentrations de nickel sont similaires aux stations Maison de Naissance (au cœur de Limoilou) et du collège Saint-Charles-Garnier. Même si les impacts sanitaires estimés des épisodes de forte concentration de nickel sont faibles, le nickel provient toutefois d’une source principale sur laquelle il est possible d’agir.

Quelle est la contribution des industries à la pollution de l’air dans les quartiers Limoilou, Vanier et de la Basse-Ville?

Le modèle utilisé dans le projet MEMS montre que tous les secteurs de la ville de Québec sont affectés par la dispersion des émissions industrielles, mais certains secteurs semblent plus touchés.

Les émissions industrielles de particules fines affectent la majorité de la zone à l’étude, bien que les concentrations soient plus élevées en Haute-Ville, dans Limoilou et dans Vanier.

Les émissions industrielles de dioxyde d’azote affectent davantage les quartiers Limoilou et Vanier. Toutefois, le modèle ne permet pas d’estimer la contribution des industries aux concentrations totales de polluants.

Quelles sont les sources des principaux polluants identifiées par le projet MEMS?

Le projet MEMS visait prioritairement à caractériser les niveaux totaux de contaminants. Les résultats fournissent toutefois des indices sur la provenance de certains polluants.

De façon générale, il est reconnu qu’en milieu urbain, les particules fines proviennent principalement de la combustion, soit du chauffage au bois, des transports et des industries. Dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville, il n’y a pas une seule source prédominante, les sources sont multiples. Elles augmentent en hiver, probablement en grande partie à cause du chauffage au bois.

Le dioxyde d’azote et le bruit sont reliés aux grandes artères routières. Le quartier Limoilou semble aussi plus affecté par les émissions de dioxyde d’azote provenant des industries.

Les particules en suspension totales semblent provenir en bonne partie des poussières issues des sols, qui peuvent être remises en suspension dans l’air par les vents, les chantiers de construction, la circulation routière ou l’érosion des terrains non couverts. Les poussières sont plus élevées près de l’autoroute Henri-IV et ont augmenté durant des travaux de réfection d’une route en 2019 près d’une station de Sainte-Foy. Les concentrations de particules en suspension totales sont peu corrélées avec celles de particules fines, ce qui suggère qu’elles proviennent de sources différentes. Cependant, elles augmentent légèrement lorsque les vents proviennent du nord-est de la station Vieux-Limoilou, ce qui peut indiquer une contribution de l’autoroute, du camionnage local, d’activités portuaires ou d’autres activités similaires.

Plusieurs indices supportent la conclusion du MELCCFP en 2013 voulant que les épisodes de concentration plus élevée de nickel dans Limoilou soient liés aux activités de transbordement de minerai de nickel au port de Québec.

Est-ce que la qualité de l’air est bonne à Québec?

Même si la pollution de l’air a diminué au cours des dernières décennies, elle continue de causer des impacts considérables sur la santé de la population.

La qualité de l’air est considérée comme « mauvaise » dans moins de 5 % des jours à Québec selon l’indice de la qualité de l’air du MELCCFP. Même si ces journées de smog ont des impacts sur la santé, la majorité des impacts de la pollution de l’air ne provient pas des journées de smog ou de « mauvaise » qualité de l’air. Les impacts proviennent plutôt de l’exposition chronique à de plus faibles concentrations. Pour améliorer la santé de la population, il ne faut pas seulement prévenir les journées de mauvaise qualité de l’air, il faut surtout réduire les concentrations moyennes de polluants.

Est-ce que la pollution de l’air contribue aux inégalités de santé observées à Québec?

Il est difficile d’estimer à quel point la pollution de l’air, sous toutes ses formes, contribue aux inégalités de santé observées dans Limoilou, Vanier et la Basse-Ville. Par contre, la pollution de l’air s’ajoute à d’autres risques environnementaux (comme les îlots de chaleur ou de moins bonnes conditions de logement) et socio-économiques (comme la précarité financière ou l’insécurité alimentaire). Dans un souci d’équité, ce cumul de risques justifie des actions plus importantes dans les quartiers Limoilou, Vanier et la Basse-Ville pour améliorer l’état de santé de la population et réduire les inégalités sociales de santé.